Matières I

  • Création in situ – 2003
  • Danse contemporaine
  • Projet pour deux danseurs
  • Lieu: Grande Poudrière de Port-Louis

“ La Grande Poudrière est un vieux bâtiment militaire d’un mur d’enceinte, dans lequel était entreposé la poudre à canon du roi de France vers 1650. Cet édifice est en pierre et les rares ouvertures ont été comblées il y a longtemps. Il est divisé dans sa hauteur par des poutres et dans sa largeur par des piliers de bois, le tout formant une sorte de mezzanine. C’est un lieu froid et humide dont les murs s’effritent lorsqu’on y prend appui.
J’ai pensé à un lieu de travail, que j’ai transposé dans une esthétique évoquant un garage des USA des années 30. Je me suis inspirée de l’univers des frères Cohen dans leur film “O’brothers”. Un milieu masculin un peu absurde et déjanté, qui tourne sur lui-même, ludique et pathétique à la fois.
Au fur et à mesure que la pièce se déroulait, les deux danseurs qui évoluaient sur la charpente, les murs, sur le sol faisaient s’effriter les parois rendant la pièce plus sonore. Leurs pieds raclaient le sol dans cet espace clos, dessiné par les ombres des poutres et de la charpente. L’écriture de la danse s’est effectuée en deux étapes. Dans un premier temps j’avais chorégraphié un duo à partir des deux danseurs, l’un venant du mime et de la danse contemporaine, l’autre de la capoeira. Je les ai mis en relation à partir d’un principe d’écriture sur le contact qui repose sur la complémentarité des corps.

C’était une manière de se saisir de leurs spécificités et de leur imposer un langage commun. Ensuite, nous avons adapté ce duo au lieu, recherchant les connexions possibles. A cela s’est ajouté l’écriture sur le lieu lui-même, c’est à dire une recherche sur sa spécificité, ses matières en tentant d’utiliser toutes ses aspérités.
C’est à partir de cette recherche sur le mouvement, de la complémentarité des corps, de la rencontre des corps et du lieu qu’est apparu un univers, une atmosphère particulière.
Cela m’a rappelé les vers de Barbara :
« travailler à partir des lieux c’est aussi d’une certaine manière, laisser les lieux s’exprimer ».
J’ai découvert graduellement ce qui petit à petit surgissait, s’échappait de la recherche dont je ne souhaitais pas forcément tout maîtriser, en une sorte de balance entre le faire et le laisser faire. »

Gaëlle COURTET



Chorégraphie : Gaëlle Courtet, Eric Delpech
Interprètes : Eric Delpech, Grégory Espitalier

Co-production : Festival Avis de Temps Fort – Ville de Port-Louis
Avec le soutien de : Conseil Régional de Bretagne, Conseil Général du Morbihan, Ville de Lorient

Les commentaires sont fermés.