Les murmures des Poullo

  • Création in situ – 2004
  • Danse contemporaine / Chant
  • Projet pour quatre interprètes: deux chanteuses, un danseur, une danseuse
  • Lieu: le lavoir des Recollets de Port-Louis

« Dès le départ, j’ai souhaité aborder la thématique de la féminité et l’inscrire dans ce lieu symbolisant lui même un univers féminin. Outre le fait qu’il soit en pierre, composé de trois grands bacs où l’eau de la fontaine des Poullo circule encore, ce lavoir a la particularité majeure d’être un lieu ouvert en forme d’arène. Cet aspect a été déterminant vis à vis de la relation au public qui a pu par bribes observer la pièce se construire. Les spectateurs s’installaient sur les murets de pierre, nous regardant mener notre recherche en contrebas, nous questionnant parfois, ou nous apportant leurs témoignages. J’ai utilisé la pierre, les reliefs, l’eau… Toute la recherche de mouvements a été élaborée à partir du lavoir. J’ai pensé aux “Causeuses” de Camille Claudel, puis à son homologue masculin, Rodin. Leurs sculptures m’ont toujours fascinée. Fragiles et puissantes à la fois, je me suis fortement inspirée de leur univers. J’ai imaginé des fantômes, des spectres d’anciennes discussions, d’anciens secrets jaillissant des pierres, circulant dans les bacs, flottant sur l’eau… Tendres, abandonnés, en lutte, etc. J’ai cherché à évoquer différents visages de la féminité, sacralisant chaque instant, à la manière d’un étrange rituel.

Maricke Fiorini, l’une des chanteuses-danseuses était enceinte de six mois lors du spectacle, une aubaine quant à la thématique, l’occasion aussi de mettre en scène un corps si particulier qui s’arrondissait au fil des répétitions.
Eric Delpech avait un rôle un peu à part dans le spectacle. Il évoquait pour moi l’un des aspects de la condition masculine: celui qui grandit dans le ventre de la mère et celui qui plus tard permet l’enfantement. Je me suis souvenue de la phrase de Michel Onfray : « Tous les corps, masculins et féminins, procèdent de cette immersion primitive dans un ventre de femme. »

L’état de Maricke évoquait le lien, la communion entre le masculin et le féminin.

Pour ce projet, j’ai souhaité ne pas dénaturer le lieu par des installations techniques. Seules s’élevaient les voix sans artifices, le clapotis de l’eau, les frottements sur le sol et les pierres donnant une étrange impression de silence, de temps suspendu. »

Gaëlle COURTET


Chorégraphie : Gaëlle Courtet, Eric Delpech
Interprètes : Gaëlle Courtet, Eric Delpech, Maricke Fiorini, Christelle Hausler

Co-production : Festival Avis de Temps Fort – Ville de Port-Louis
Avec le soutien de : Conseil Régional de Bretagne, Conseil Général du Morbihan, Ville de Lorient

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