Matières II

« Ce projet s’est avéré difficile. En effet, l’Océanis étant un lieu de diffusion, un lieu de passage, il n’offre pas autant d’aspérité, de spécificité qu’un lieu historique. A l’origine, je souhaitais mener ma recherche à partir de la lumière : le découpage de l’espace, la matière de la source lumineuse elle-même (lumière crue, diffuse…). Malheureusement, les conditions n’ont pas permis de mener cette étude.
J’ai réorienté mon projet en travaillant avec deux musiciens souhaitant dès le départ les imposer comme interprètes au même titre que les danseurs. J’ai cherché à définir quelles pourraient être leurs relations, avec ce même souci qui consiste à la fois à individualiser les personnes tout en les rendant perméables à la relation à l’autre. J’ai poursuivi mon étude sur la complémentarité des corps. Virtuoses ou pas, la mise en avant de leurs complicités possibles pose un regard sur les relations humaines que j’aime donner à voir.

Loin de les éloigner, leurs différences rendent leurs relations intéressantes, bouleversant leurs habitudes, leur manière de se mouvoir sans pour autant se perdre. A partir de la salle elle-même, j’ai cherché à tirer parti de l’espace, de la couleur du lieu et de certaines petites originalités. L’Océanis est un très grand espace dont l’ouverture de la scène est de seize mètres sur douze de profondeur.
Je l’ai “augmenté” en faisant quelques sorties de scène comme si cet espace n’était pas encore suffisant. J’ai travaillé à partir de praticables entreposés au fond de la scène en créant une sorte de rampe évoquant un décor urbain, gris métallisé et suggérant une ligne de fuite.
Je me suis servie de crochets situés au fond de la scène pour écrire une danse “suspendue” et d’un rideau qui s’est transformé en accessoire. L’essentiel du spectacle s’est porté sur la relation entre ces quatre hommes, sur l’étude d’un univers masculin. »

Gaëlle COURTET