La démarche

“ Mener une recherche chorégraphique sur les lieux qui ne sont pas traditionnellement des espaces de représentation m’est venu un peu par hasard et, petit à petit, s’est transformé comme l’un des axes majeurs de mon propos artistique.
A l’origine il s’agit d’un duo que j’ai écrit en 1999, avec mon partenaire Eric Delpech, qui traitait de la “mutation” avec en toile de fond celle qu’a vécu le port de pêche de Lorient dans les années 80. Ce travail nous avait conduit à nous immerger dans l’ambiance portuaire pendant environ six mois pour recueillir des interviews de personnes pouvant apporter leurs témoignages. Ce collectage avait permis de créer la bande son du spectacle, qu’il situait, de fait, dans un contexte social.
A l’issue de cette expérience, je ne parvenais pas à quitter le port, j’y revenais sans cesse, conquise par son ambiance calme, feutrée, rude, propice au recueillement.
J’ai prêté attention aux murs, aux fissures, au sol, aux différentes sources lumineuses, à ces endroits désertés et petit à petit m’est venu l’idée de travailler à partir d’une criée qui n’avait plus d’usage professionnel. Je souhaitais adapter le duo que je venais d’écrire, le confronter à la matière qui me l’avait inspiré. Ce projet n’a jamais vu le jour, mais il est resté ancré dans un coin de ma tête. Quatre ans plus tard, sollicitée par la Mairie de Port-Louis j’ai proposé de réfléchir à une création qui tiendrait compte de la ville elle-même, sur un lieu porteur d’histoires.
En mai 2003, j’ai proposé “Matières I” dans la Grande Poudrière de Port-Louis, en novembre “Matières II” dans la salle de l’Océanis de Ploemeur, en mai 2004 “Les murmures des poullos” dans l’ancien lavoir de Port-Louis.
Ces trois expériences m’ont confortée dans le désir de poursuivre cette démarche.
Du point de vue de l’écriture de la danse elle même, c’est le plaisir de s’abandonner à la quête de nouvelles sensations, avec le désir d’une rencontre attentionnée et attentive, le corps en éveil, laissant le mouvement s’interroger, se transformer, épouser les contours et les formes mais aussi devenir la matière elle-même en une sorte de fusion avec le support.


Le carnet de bord

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“Les choses ont leur secret, les choses ont leur légende mais les choses murmurent si nous savons entendre.” Ces vers de Barbara illustrent bien là mon propos de recherche, à la fois ancré dans une réalité, s’en détachant, pour proposer un autre vie à un lieu transformé en scénographie, clé de voûte de la chorégraphie.  »

Gaëlle COURTET


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